Archive for the ‘Analyses’ Category

Il faut détruire la jeunesse

26 novembre 2014

Les agents d’assurances vivent sur la peur du lendemain. Vous vous croyez jeune, mais il y a sûrement un vieux qui sommeille en vous.

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Avant la société vous disait, vivez, faites plein de choses, expérimentez, prenez parfois des risques, engagez-vous, essayez de changer les choses, d’agir sur l’Histoire, d’apporter quelque chose à l’Humanité… Lorsque vous serez vieux, il y aura la retraite, un système qui permet à tous de pouvoir jouir d’un repos bien mérité, garanti par la collectivité et reposant sur la solidarité entre les générations au sein d’une même communauté humaine.

Désormais, il en va tout autrement, vous devenez acteur de votre propre vie, attention, ça ne veut pas dire que vous êtes libre de quoi que ce soit, de vivre votre vie comme vous l’entendez, non, ça veut dire que vous êtes responsable, responsable de tout ce que vous entreprendrez et des conséquences qui en découleront. Il va donc falloir commencer par être prudent, par réfréner vos envies farfelues et vous conformer à celles que l’on vous offre, souvent en promotion, et dont les risques ont été calculés et la production optimisée pour servir la masse. Et, lorsque vous arriverez à la retraite, la société ne vous devra rien, vous aurez dû la préparer, mettre de côté, épargner, économiser, thésauriser, capitaliser.

Chacun pour soi ! La pub est là pour vous le rappeler et vous proposer une solution clé en main vous permettant de souscrire des retraites complémentaires, des assurances vie, des assurances tout risque, des assurances décès, des assurances obsèques…

Car il faut normer, contraindre, discipline, mater, neutraliser, inhiber, refouler, étouffer la jeunesse.

La jeunesse est pleine d’énergie ? Il faut lui inculquer la peur de l’avenir. Le présent ne vaut la peine d’être vécu que dans l’angoisse du lendemain pour acheter des assurances et des retraites complémentaires. L’actionnaire, lui, prospère aujourd’hui sur les peurs de demain. Il ne faut surtout pas que ça change…

La jeunesse se croit éternelle ? Il faut la convaincre de sa mort prochaine, de sa fragilité et de la futilité à vouloir engager quoi que ce soit dans une société qui ne prendra plus soin d’elle.

La jeunesse veut changer le monde ? Il faut lui marteler qu’il n’y a qu’un seul système, qu’il ne sert à rien de se rebeller face au cynisme et au profit. Il faut lui briser les ailes afin qu’elle achète des assurances vie et des retraites complémentaires.

Il faut détruire la jeunesse.

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La destruction est un marché qui rapporte

8 avril 2014

Désormais, le réchauffement de la planète entrainant le dérèglement climatique est un fait acquis. Les derniers lobbys qui tentent encore d’insinuer une croyance contraire matinée de théorie du complot et autres fadaises rassemblant l’extrême droite et l’ancien ministre socialiste dans une même détestation des autres au nom de leurs intérêts économiques, relèvent désormais de la psychiatrie.

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Reste que le temps mis à accepter la réalité est définitivement perdu et comme en Com’ il ne faut pas trop faire de message négatif comme celui de devoir « lutter contre » le dérèglement climatique, on retrouve la joie et la bonne humeur de celui de devoir « s’adapter » !

Concrètement en Europe le changement climatique, on s’en fout ! On va perdre quelques kilomètres de côtes ? On fera construire des digues par Bouygue, Vinci et compagnie. On ne pourra plus produire de vin ? On fera des oranges, faut s’adapter ! Il est possible que nos centrales nucléaires ne supportent pas les fortes températures ? On rationnera l’eau des hôpitaux publics pour les arroser. Les rendements agricoles vont baisser ? On ajoutera encore plus d’engrais et on submergera les champs d’OGM. Il y a toujours un moyen de se faire de l’argent, et même, les bénéfices augmentent avec la peur.

Structurellement, l’adaptation permanente est l’état de chaos permanent. C’est une formidable intelligence au service de son admirable perdition. C’est scier la branche sur laquelle on est assis et sauter sur la suivante pour recommencer.
Le stress, les perturbations, les convulsions, les tremblements, les bouleversements, les désorganisations… sont les nouvelles normes. Et pour que celles-ci puissent se développer encore davantage, il faut aussi plus d’ordre, de flicage, de vidéosurveillance, de contrôle, de lois inutiles, de normes insipides, de règles tatillonnes, afin que le corset de la société l’étouffe progressivement jusqu’à sa mort ou son éclatement complet.

On s’adapte déjà aux nouvelles technologies, aux exigences du marché du travail, à la flexibilité, à la mondialisation… Ces injonctions permanentes à détruire ce qui est ancien pour se noyer dans le modernisme béat nous sont habituelles. Il ne faut jamais remettre en question le pourquoi des choses, mais toujours se poser celle de ce qui ne fonctionne pas chez soi, qu’est-ce qui fait que l’on ne soit pas assez performant, au top de sa beauté, que l’on ne soit pas capable de réussir ses vacances… d’autant que la pub nous l’explique à longueur de couloir du métro : il faut consommer pour être conforme ! Consommer des objets, des idées, des services, des gens… Conforme aux représentations publicitaires du monde.

Pour vivre, les Occidentaux n’ont pas besoin d’une carte d’identité, mais d’une carte de crédit. Telle est le nouveau Sésame, la formule magique. Avoir ou ne pas avoir telle est ce qui fait que vous êtes ou n’êtes pas.

Exportons nos graisses !

13 juin 2013

Bon je crois que vous avez compris que s’il y a des gens qui meurent de faim dans le monde c’est parce que vous êtes gros, non ?

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Le confort de notre société occidentale ne repose que sur l’exploitation du reste de la planète, c’est comme ça. Que ce soit pour l’accès aux énergies pétrole, gaz, charbon, aux richesses des minéraux pour nos ordinateurs, nos casseroles, nos voitures, l’exploitation des forêts pour nos meubles préfabriqués ou leur destruction pour l’élevage intensif de viande pour nos hamburgers. Bref, la dévastation du reste du monde est pour notre bien.

Parfois, tout ça nous donne malgré tout mauvaise conscience et là, miracle ! On nous propose de « brûler des calories » pour « lutter contre la faim dans le monde ». On ne nous dit pas de manger moins, de gaspiller moins, mais d’aller danser la Zumba® (oui vous avec bien vu le petit ® après le nom de cette danse qui signifie bien que c’est « une marque mondiale axée sur un mode de vie qui combine fitness, divertissement et culture dans des mouvements de danse-fitness enivrants ! » la culture aussi une est marchandise tout comme Picasso® Mégane®, Sartre®, etc.).

Ainsi pour chaque calorie dépensée, mais aussitôt récupérée à la sortie du cours de danse avec un cocktail à la mode dans un bar Lounge, l’organisateur de ce truc donnera quelques centimes à un organisme mondial dont le but est, avant toute chose, de faire tourner un rouage de plus de l’économie de la charité plutôt que d’essayer de modifier quoi que ce soit politiquement, chez eux ou chez nous.

Vous n’avez donc plus qu’à vous agiter mécaniquement et frénétiquement, les calories dépensées seront calculées scientifiquement. Il faut juste s’inscrire avec un téléphone mobile, car il n’est pas question de perdre la moindre chance de renforcer l’imbrication de nos servitudes (téléphone, carte de crédit et de fidélité, réseaux sociaux…).

Voilà et pour que vous soyez au courant de tout ça on vous l’écrit sur une carte postale gratuite (la boite de com’, les frais d’impression et de diffusion seront récupérés sur votre adhésion au club, bien évidement) avec comme image deux jeunes petits noirs si mignons qui dansent comme des fous (ils ont ça dans le corps les noirs) devant un bidon ville. C’est si fun la misère au soleil !

D’ailleurs le Club Med est partenaire, vous pourrez ainsi lors d’un séjour de vacances là-bas, en avion pour contribuer au dérèglement climatique, voir, par-dessus le grillage qui sépare le camp du reste du pays, le résultat de la redistribution de vos graisses.

Amusez-vous bien !

L’addiction comme projet de société

2 octobre 2012

L’esthétisme de cinéma donne beaucoup de force à cette image. On y sent une tension comme dans un polar ou un film d’action.

On arrive au moment où quelque chose va se passer, on l’on va avoir la réponse à la question ou la quête posée par l’intrigue.

Elle porte des sacs déjà pleins, elle a déjà commencé à faire son shopping, les bras chargés de sacs bien remplis mais la tension demeure en elle, rien pour le moment n’a comblé son manque, son vide intérieur.
Et puis soudain, en tournant la tête vers cette vitrine comme une fenêtre qui s’ouvrirait sur la promesse que quelque chose pourrait advenir, son regard accroche quelque chose qui va entrer en résonnance avec elle, qui fera que le poids de son corps n’en sera plus un, comme une rencontre amoureuse qui va enfin la révéler, lui ouvrir les horizons de la vie.

Mais en regardant plus attentivement l’image, on constate qu’elle sort déjà de l’enseigne dont elle regarde la devanture, et que donc elle n’avait déjà pas trouvé ce qu’elle « cherchait ».

On bascule donc de la quête existentielle avec son florilège de questionnements éternels qui fait le sel et le mystère de l’exitance au champ de la maladie, l’addiction. L’état dans lequel votre personne ne vous appartient plus vraiment, où l’organisation de votre vie ne tourne plus qu’autour du manque qu’entretient et comble alternativement votre addiction à laquelle vous devez désormais faire allégeance.
Quoi que vous croyiez penser ou quoique vous puissiez entreprendre, l’addiction est devenue votre essence.

C’est le projet de société que nous martèle cette enseigne, depuis 160 ans, avec l’aide de la publicité.

Ferme ta gueule !

1 juin 2012

Le Huffington Post lance une campagne publicitaire. L’image d’un jeune manifestant en colère est un cliché habituel de ce que peut-être l’actualité, l’intrusion d’une problématique dans le champ public. ImageSi cette intrusion est violente alors les médias s’en emparent avec d’autant plus de délectation qu’elle est de l’ordre du spectaculaire, qu’elle frise la mise en scène des représentations d’affrontement politique le « poing levé », le « drapeau », la « manif », la « vitre brisée »… Cela mobilise des sentiments contradictoires comme la révolte et la peur, l’empathie ou l’antipathie… Assez vite on a une vision binaire de l’événement : « pour » ou « contre ». La plupart des médias ne sont plus là pour tenter de comprendre, d’analyser et nous aider à faire des choix mais à nous parquer dans un camp ou dans un autre avec un sondage à la clé. Nous ne sommes plus non plus au temps de la lutte des classes, il existe encore des camps qui s’affrontent pour le pouvoir mais pas pour son changement. La démocratie est fatiguée car elle est présentée comme l’ultime système indépassable comme une messe en latin que personne ne comprend et à laquelle il faut croire.

Sur le marché de la captation de l’attention, le Huffington Post est un nouvel arrivant mais ce n’est pas pour autant qu’il nous proposera quelque chose de différent, bien au contraire.

Ce qu’il faut c’est de la nouveauté qui ne remette rien en question. La plupart des journalistes ne travaillant plus qu’au brouillage des sphères médiatiques, politiques, industrielles… par copinages, renvoies d’ascenseurs, mariages sont obligé de faire appel au « citoyen » pour tenter de faire émerger la nouveauté qu’ils sont désormais incapables de percevoir. On pourrait alors croire que l’on pourrait ainsi apporter de nouveaux sujets de préoccupations mais il n’en est rien, il s’agit plutôt de rester dans l’émotion, d’accroitre le sentiment d’ubiquité afin de ne rien manquer de spectaculaire. Les autres sujets qui auraient demandé du temps demeureront toujours dans l’ombre tant qu’ils ne se manifesteront pas par la violence.

Quand une révolte arrive, elle n’est que l’expression subite d’une autre problématique, de quelque chose qui a longtemps couvé car considéré par les distributeurs de paroles comme n’ayant pas une importance suffisante pour être écoutée et discutée.
Alors une fois cette révolte dans la rue, il faut gérer celle-ci selon différentes méthodes. On peut commencer par la minimiser (« c’est une minorité », donc illégitime car non-majoritaire), par la dépolitiser (« ce sont des casseurs », alors que la violence est parfois le dernier mode d’expression face à l’étouffement), on infantilise (« ils posent mal le débat, qu’ils commencent par savoir ce qu’ils veulent »), on en appelle à la raison (« il faut être raisonnable », même si des gens meurent de la situation et que depuis des années différents groupes tentaient d’alerter le pouvoir en place).
Mais le Huffington Post fait mieux, plus « jeune » (parce que là « jeune » veut dire « con »), plus moderne, c’est dans sa manière de traiter l’information « avec » le citoyen désormais consommateur.

Il ne demande pas, après présentation de la situation si l’on ne pourrait pas réfléchir collectivement à une solution acceptable par tous mais s’il est bien nécessaire d’ouvrir le débat ou non. À la violence qui fut nécessaire pour tenter de faire entrer un débat de fond dans la sphère publique, il répond par une violence de forme : « ouvrir » ou « fermer ».
On comprend bien que si l’on clique (comme on répond à un sondage) sur « fermer », la fenêtre en pop-up disparaitra et le manifestant fermera sa gueule.

Voilà, c’est cool, moderne, mâtiné de nouvelle technologie mais c’est toujours au service du contrôle du système et le Huffington Post compte bien en faire pleinement partie.

La fête des poules (pondeuses)

23 mai 2012

« Jolies mamans de mère en fille » : de mère en fille, la reproduction (sociale, biologique…) est un horizon indépassable. La publicité est là pour le rappeler et aider les femmes et leurs filles à accepter cet état de fait tout en assurant l’épanouissement commercial des marques.

Les femmes n’ont que deux fonctions dans la société : satisfaire aux désirs des hommes et maintenir l’espèce (ce qui devrait aller de pair si les féministes n’avaient pas œuvré à la désorganisation de l’ordre naturel des choses).

Les femmes sont biologiquement faites pour la procréation de l’espèce. C’est incontestable. Dire le contraire, c’est aller contre la nature et qui oserait aller contre la vie ? La femme et avec elle toute l’espèce humaine sont ainsi ramenées à leur état primaire, c’est-à-dire une humanité débarrassée et amputée de sa partie culturelle, une sorte de monstre qui ne pourrait finalement pas survivre dans la nature.

La fête des Mères a été créée par un régime politique fasciste qui calquait sont modèle politique sur la confusion entre primaire et naturel et utilisait la superstition d’une transcendance de la terre et du sang comme vernis civilisationnel.

Aujourd’hui, la publicité recycle cette fête avec de belles jeunes filles et femmes blanches, aux sourires parfaits, économiquement solvable en substituant les vieilles croyances par les nouvelles de l’idéologie libérale car, si l’une et l’autre réorganisent parfois les hiérarchies, aucun ne remet en cause LA hiérarchie.

Le nucléaire aurait-il une mauvaise image ?

10 avril 2012

Tient que se passe-t-il ? Habituellement dans la sphère publicitaire, EDF et AREVA s’étaient mises sur le créneau de la durée, de la “force tranquille” de l’énergie, avec leurs centrales nucléaires et leur faux recyclage de déchets.

Et là, que voit-on sur cette affiche pour parler de “source d’énergie inépuisable” ? Des éoliennes ! Le nucléaire aurait-il changé d’image ?

Pourtant question “inépuisable” voir même d’éternité, les déchets nucléaires sont imbattables, plusieurs millions d’années de nocivité, à l’échelle humaine il s’agit bien d’éternité. Three Mile Island , Tchernobyl, Fukushima, Fessenheim… Ça rappelle pas tellement des destinations où passer ses vacances en toute sécurité ! Ça distillerait même plutôt l’angoisse, et l’angoisse, pour le sommeil, ça produit surtout des cauchemars. Et puis, le nucléaire liée au sommeil, c’est aussi l’image de la bête qui sommeil, quelque chose de sournois, qui attend que nous nous relâchions pour se réveiller  hors contrôle et nous détruire. Avec le nucléaire, il n’y a jamais de répits. Même le jour où l’on sera sorti du nucléaire, il faudra encore s’occuper des déchets pendant plusieurs milliers d’années.

Alors même si EDF fait peindre des visages d’enfants sur ses tours de refroidissement, le nucléaire, reste notre cauchemar quotidien, quelque chose qui s’insinue à notre insu dans nos subconscients, qui va le ronger, perturber notre perception du monde pour en donner une vision d’horreur, de tristesse et de dépression.

Dans ces conditions, il n’y a plus que les cyniques qui arrivent encore à dormir…