Cette fois le monde n’a strictement plus aucune espèce d’importance… Un nouvel appareil photo… pour se photographier soi-même : l’imagination de ceux qui sont chargé de nos déshumaniser semble sans fin.
Ça semblait pourtant bien parti. Chacun avec son ballon de couleur mais rapidement la fête sembla bien fade, totalement artificielle. Du coup, le repli sur soi devenait une évidence. Alors est apparu l’appareil à se photographier. Parce que l’appareil photo comme outil de découverte, de rencontre, d’effeuillage des apparences, de projection de soi sur le reste du monde, de tentative d’organisation, d’interrogation, de compréhension de nos sociétés ne sert plus maintenant qu’à se photographier le nombril.
Les autres n’ont plus d’intérêt, pourquoi encore avoir un projet de société ? Le monde a laissé des tas de villes magnifiques à visiter, il y a des milliers de paysages à consommer. Pourquoi encore se regrouper ? Pour exiger quoi, quand il existe des réductions avec mes points fidélité pour partir loin de la grisaille du travail quotidien ?
Non décidément, rien ne vaut soi-même. Et pas question de demander à qui que se soit dans la rue de nous photographier, des fois qu’il partirait avec l’appareil !
Déjà, avec les appareils numériques, l’œil s’était éloigné de l’appareil pour ne plus être que le télé-spectateur de l’écran de la machine, désormais, l’écran ne renvoi plus que l’image serrée de soi-même. Le nombril est l’ultime horizon de nos médiocres vies connectée sur le grand fichier social.
Nous nous sommes « transformé en « mini-photoreporter » de [notre] propre vie, qu’il s’agisse d’immortaliser un événement ou d’exposer [notre] vie sur Facebook » comme l’annonçait, toute excitée, une commerciale pour le Salon de la Photo 2009.
Après avoir consommé le monde, il reste à se consommer soi-même.
La dernière grande aventure humaine est devenue, grâce à l’amplification de multiples prothèses numériques, l’exploration de nos vides intérieurs. Les villes sont muséifiées, le lait a toujours le même goût quelque soit la saison et l’Homme va finir racorni, desséché, vidé de son âme. Il ne peut même pas prétendre revenir à l’animal.
L’Homme du XXI° siècle est obsolète.