Détournement de publicité dans le métro de Berlin, station Kaiserdamm, en supperposant des affiches de menus du logiciel de retouche d’images Photoshop.
Voir la galeire d’epoxy sur Flickr et l’information d’origine sur le forum d’ekosystem
Quel est le lien entre ces deux couvertures du même magazine ?
L’une annonce un dossier sur les dangers de la notion de gratuit largement utilisée par le système capitaliste pour nous vendre des choses et des services inutiles payés, la plus part du temps, par la publicité. De l’autre un hors-série traitant des alternatives dans différents domaines de la société. On pourrait donc penser que ces deux couvertures couvrent les deux faces opposées du monde d’aujourd’hui.
Dans le numéro sur la gratuité, il y a bien entendu un article pour nous mettre en garde contre la disparition de l’indépendance des médias manipulés et censurés par les annonceurs (fusion des sphères industrielle, politique, spectacle, publicitaire…). Les lecteurs de ce blog savent bien jusqu’où peut s’immiscer l’esprit publicitaire et ses conséquences, on ne va donc pas reprendre l’argumentaire.
Passons maintenant à la deuxième couverture. L’image utilisée est celle d’un service de taxi à vélo. Parfait ! Pas de pollution atmosphérique ni de bruit, enfin on prend le temps de vivre sans s’encombrer de machines inutiles. Il y a là un concentré de symboles écolos bien sympathiques…
En effet, ce service de taxi-vélo fonctionne à Lyon depuis quelques années comme le véhicule est compact, il peut passer dans les petites rues du vieux Lyon, celles qui sont protégées par un arrêté interdisant la publicité. Voilà pourquoi cette entreprise tire plus de 70% de son chiffre d’affaire de la publicité ! Elle recouvre ses vélos-taxi de pub et le tour est joué. Ça a la couleur de l’écologie, la forme du développement durable et le style de l’alternative mais ce n’est que du GreenWasching, tout comme le magazine qui nous a pondu ces dossiers.
L’iconographie de ce journal provient à plus de 90% d’images libre de droit (gratuites), de DR (gratuites), de publicités (gratuite) et de l’AFP (pas cher), parce que les alternatives c’est pour les autres, non ? Après tout, la décroissance, l’écologie, l’altermondialisme, l’économie alternative… c’est un marché comme un autre, faudrait pas trop l’oublier.
Un jeune homme va pour sortir de chez lui, croisant un voisin qui parle tout seul, il s’en étonne. Mais dans la rue la situation continue, chaque passant parle seul, sans se préoccuper des autres, même cet homme d’une cinquantaine d’année ordinairement peu au fait de la mode ou de l’air du temps.
Personne ne le voit, ne le remarque, ne le regarde, il se fait même bousculer, il n’existe plus aux yeux de tous, il n’est plus personne.
Comme pris de panique, il court et se jette dans une bouche de métro, recherchant sans doute la protection symbolique d’un ventre maternel ainsi que l’espace normalisé d’un flux mais son cauchemar continue, dans la rame, personne ne se regarde, impossible d’accrocher les regards, tout le monde se parle seul.
Il sort sur l’esplanade de la Défense, lieu parfait d’absence totale de nature, aseptisé, dédié au commerce, à l’industrie en col blanc, à la finance… Il s’effondre et s’assoit comme désespéré sur les marche froides en marbre.
Soudain, il a compris, il mets des écouteurs dans ses oreilles, sourit et se met à parler seul à son tour. La marque d’un téléphone portable apparait.
Dans le dernier plan, il marche seul, de dos, en faisant des gestes tel un pantin. Il est désormais connecté, il ne nous intéresse plus, il n’est plus personne et se fond dans la foule.
La rencontre physique n’est désormais plus possible sans en passer par une machine dont l’activation passe par le paiement mensuel d’un forfait. Le rêve parfait du monde néolibéral : payer pour faire partie de la société selon son rang, selon le prix de son abonnement ou être condamné à n’être plus personne, à ne plus exister…