Un voyage organisé par un spécialiste, non pas du pays visité, mais des désirs et des représentations que pourrait se faire l’occidental de ce pays pour y vivre un moment de détente loin de chez lui.

Il ne s’agit pas ici de rencontre, de découverte, de surprise, d’ouverture vers le monde et les autres. Qu’importe le pays de villégiature, seul compte la docilité de ses habitants et principalement du personnel de l’hôtel d’accueil.
L’exemple de cette affiche, le Maroc, peut poser un problème. Les hommes de ce pays ont la peau bronzés, ils portent tous soit une moustache comme Saddam Hussein, soit une barbe comme Ben Laden et sont musulmans. Heureusement l’organisateur professionnel sait tout cela, il va vous aider à garder votre insouscience, vos idées reçues et vos croyances.
Il va faire de cette ancienne colonie, une néo-colonie. il va transformer les serviteurs auxquels vous avez droit de part votre pouvoir d’achat, votre niveau culturel et civilisationnel supérieur (comme votre 4X4 en ville, votre assurance vie, votre portefeuille boursier, votre iPod…), en esclaves.
Avec des serviteurs, il faut encore leur adresser la parole, les regarder (pour vérifier qu’ils exécutent correctement les ordres) avoir des rapports humains même hiérarchisés. Pour un esclave, tout cela n’est plus nécessaire. Tel un robot (on ne garde de leur corps que les parties strictement nécessaires), il est programmé pour vous faire du vent, apporter vos lunettes de soleil, des petits gâteaux ou des boissons rafraîchissantes.
Vous êtes là, allongé (chez lui c’est de la paresse) à lire (lui est analphabète), non pas dans un paysage mais dans un décor figé. Cette docilité, cette obéissance totale laisse aussi suggérer d’autres services comme l’assouvissement de vos désirs sexuels par un simple claquement de doigts (parce que vous, vous êtes un être humain sensible et plein de vie). Tout cela sans supplément, c’est compris dans le forfait.
Si on inversait les représentations (un homme allongé et des femmes esclaves), l’affiche deviendrait vulgaire et scandaleuse. Mais de même que les enfants sont utilisés pour inciter à choisir la voiture de leurs parents qui les rendra asthmatique, les femmes à travers leurs revendications d’égalité envers les hommes sont mieux à même de faire passer le message du néocolonialisme.
Quoi de mieux que de prendre une ancienne victime pour ne faire un bourreau en décalant le contexte pour brouiller les repères ?
26 mars 2008 à 08:41 |
Purée ! J’avais déjà vu cette affiche, mais je n’avais pas vu tous les détails (en voiture, on n’a pas trop le temps de s’attarder) : je la trouvais déjà scandaleusement fausse (décalage entre le Maroc que je connais et cette image des mille et une nuits), mais avec les « bras », elle frise le ridicule.
Merci d’avoir signalé cette bêtise. Quand vont-ils s’arrêter de nous polluer avec leurs publicités ?
27 mars 2008 à 14:29 |
Une analyse plus intéressante et plus construite se trouve sur le site du Mouvement des indigènes de la république. Le texte est intitulé : « Vacances de Rêve : le Maroc sans les Marocains ! »
Pour lire la suite, cliquer sur ce lien
http://indigenes-republique.org/spip.php?article1319
27 mars 2008 à 14:39 |
« Plus intéressante et plus construite » pas mal comme commentaire pour un truc pompé chez les autres !
4 avril 2008 à 22:28 |
Le nouveau lien de l’article semble être :
http://indigenes-republique.org/spip.php?article1336
16 avril 2008 à 07:30 |
Le citiqueur de critiqueur de celui qui critique etc…. Alors là, Bravo !
🙂
Et j’entre donc dans la danse moi aussi.
Pas grave, l’important c’est cet éclair de lucidité ou tout simplement cette volonté d’être lucide quant à ce qu’on nous impose d’infâmant à l’aide de cette pub.
Merci au premier critiqueur pour cette lecture de l’ affiche.
Merci au deuxième de nous mettre à l’aise dans notre impossibilité de se maintenir constament à l’affût
Merci au troisième d’apporter un élément de plus pour étayer le propos.
Merci au quatrième de rebondir avec finesse sur le danger de la facilité.
Merci au cinquième d’utiliser le temps du conditionel si courtois lorsqu’il s’agit de corriger une erreur
Et merci … à moi-même de constater que cinq personnes raisonnent dans le même sens sans oublier le propos de départ au nom d’un verbiage inutile et aveuglant : Cette pub est un scandale qui prolonge des siècles de regards indignes dont l’ignorance ne peut plus demeurer l’excuse.
… pardon, ne DEVRAIT plus demeurer l’excuse.
4 juillet 2008 à 09:30 |
Je suis encore jeune. Et cet article est vraiment bien fait, en passant devant les agences de voyages, on voit des affiches similaires, mais je n’avais jamais pensé à tout ces détails. Merci beaucoup, ça fait réfléchir.
Une bonne leçon de moral.
10 décembre 2009 à 01:00 |
tout a fait d’accord avec le sens de cet article.