Archive for mars 2008

De la disparition de sa propre espèce

29 mars 2008

Sa vie en voiture est tellement affligeante qu’il lui faut un décors lointain pour se sentir exister.

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Ce décors donne le sentiment (comme dans Matrix ou déjà dans Brazil) de n’être qu’une illusion plaquée sur le réel afin de l’occulter. Il utilise même des espèces animales menacées par l’activité industrielle humaine comme justement la voiture.

Mais même en Afrique, le conducteur ne parvient pas à s’extraire de son conditionnement. Ses petits réflexes de citadins reprennent le dessus, il faut faire bien attention à sa voiture (l’objet fétichisé marchand), bien plus importante que les éléphants (la vie en voie d’extinction). Il reste à l’étroit dans son univers. Là où l’espace est infini, il lui faut encore s’aligner bien droit pour se garer. Son angoisse du désordre et sa pulsion de mort s’opposent à la liberté et à la poésie.

Cerise sur le gâteau : un système informatique lui sert d’interface avec le monde extérieur. Il n’y a plus à faire attention aux autres, à s’engager dans le monde, un algorithme enfermé dans un boitier électronique s’en charge pour lui. Telles aux manettes d’un jeu vidéo, il peut demeurer dans son cercueil à carapace métallique.

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Y-a bon les colonies !

20 mars 2008

Un voyage organisé par un spécialiste, non pas du pays visité, mais des désirs et des représentations que pourrait se faire l’occidental de ce pays pour y vivre un moment de détente loin de chez lui.

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Il ne s’agit pas ici de rencontre, de découverte, de surprise, d’ouverture vers le monde et les autres. Qu’importe le pays de villégiature, seul compte la docilité de ses habitants et principalement du personnel de l’hôtel d’accueil.

L’exemple de cette affiche, le Maroc, peut poser un problème. Les hommes de ce pays ont la peau bronzés, ils portent tous soit une moustache comme Saddam Hussein, soit une barbe comme Ben Laden et sont musulmans. Heureusement l’organisateur professionnel sait tout cela, il va vous aider à garder votre insouscience, vos idées reçues et vos croyances.

Il va faire de cette ancienne colonie, une néo-colonie. il va transformer les serviteurs auxquels vous avez droit de part votre pouvoir d’achat, votre niveau culturel et civilisationnel supérieur (comme votre 4X4 en ville, votre assurance vie, votre portefeuille boursier, votre iPod…), en esclaves.

Avec des serviteurs, il faut encore leur adresser la parole, les regarder (pour vérifier qu’ils exécutent correctement les ordres) avoir des rapports humains même hiérarchisés. Pour un esclave, tout cela n’est plus nécessaire. Tel un robot (on ne garde de leur corps que les parties strictement nécessaires), il est programmé pour vous faire du vent, apporter vos lunettes de soleil, des petits gâteaux ou des boissons rafraîchissantes.

Vous êtes là, allongé (chez lui c’est de la paresse) à lire (lui est analphabète), non pas dans un paysage mais dans un décor figé. Cette docilité, cette obéissance totale laisse aussi suggérer d’autres services comme l’assouvissement de vos désirs sexuels par un simple claquement de doigts (parce que vous, vous êtes un être humain sensible et plein de vie). Tout cela sans supplément, c’est compris dans le forfait.

Si on inversait les représentations (un homme allongé et des femmes esclaves), l’affiche deviendrait vulgaire et scandaleuse. Mais de même que les enfants sont utilisés pour inciter à choisir la voiture de leurs parents qui les rendra asthmatique, les femmes à travers leurs revendications d’égalité envers les hommes sont mieux à même de faire passer le message du néocolonialisme.

Quoi de mieux que de prendre une ancienne victime pour ne faire un bourreau en décalant le contexte pour brouiller les repères ?

Les antipubs sont des fascistes

14 mars 2008

Ne pas vouloir consommer au pas, la carte bleue comme étendard, vers les temples commerciaux de l’abrutissement de masse, c’est être un fasciste.

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Il y avait déjà eu ce genre d’attaque contre les antipub dans le journal Média, un truc pour journalistes parvenus formaté pour convaincre les pigistes et autres aspirants à l’écriture qu’il existe un seul et juste monde médiatique et rien d’autre.

Un retournement comme seule la pub sait les faire. Le tagueur entame une croix gammée sous le contrôle d’une force obscure, il n’est qu’un pantin manipulé. Le choix du fascisme est plus intéressant que celui du communisme par exemple, il a totalement perdu idéologiquement face au capitalisme et au communisme, il a été vaincu par une guerre et il est condamné par la justice. Il représente le mal absolu.

Le communisme aurait été plus problèmatique, certes, il a aussi des millions de morts sur la conscience mais il reste des consommateurs qui y croient encore. En plus, comme il a eu plusieurs chapelles et que certains de leurs anciens dirigent des agences de com’, des journaux… ça n’aurait pas été très fair-play…

« Se faire une opinion, ce n’est pas suivre celle des autres », c’est donc le sac à pub Métro qui nous le dit, le symbole de la presse gratuite dans toute sa splendeur.

Un « journal » dont la seule vocation est d’accentuer l’économie parasitaire de la pub, de formater les comportement de sur-consommation moutonnier, d’être l’avant garde de la pensée marchande… Bref, quelque chose de parfaitement inutile et nuisible pour la société soit l’inverse de ce qui fait la différence de l’Homme avec le reste de la nature : la pensée.

La commémoration des 40 ans de mai 68 pourrait donner à certains l’envie de sortir du rang, de réécrire qu’il faut être réaliste et demander l’impossible, l’impossible de vivre mieux en changeant le monde chaque jour. La pub est là pour nous rappeler que toutes ces velléités vont à l’encontre des vrais changements comme la mode, le matériel informatique, les yaourts, les voitures…