Archive for mars 2007

Le WWF est une agence de com’

27 mars 2007

Déjà, le WWF nous avait surpris en soutenant la nuit des publivores mais là, c’est trop.

Il nous propose « les apéros du jeudis avec le WWF » en nous expliquant que : « Ils sont 17% de la population française. Ils préfèrent l’être à l’avoir et au paraître. Ils sont soucieux d’ouverture multi-culturelle, d’écologie et de la place du féminin dans la société. Ils recherchent le développement personnel et la spiritualité. Ils s’engagent localement au profit de causes qu’ils jugent justes. Ce sont les créatifs culturels. Un groupe émergent à la pointe du changement sociétal qui expérimente une autre façon de vivre ensemble. »

Ça pue le concept fumeux de marqueteux minables, et effectivement, c’est bien ça. Sur le premier lien on arrive à ce genre de visuels zoophiliques :

zoophilile.jpg

Mais pour ceux qui n’auraient pas encore compris, il y a aussi celui là :

avecmoiargent.jpeg

Le tout sponsorisé par une marque d’alcool (pour la cock, c’est plus tard…).

Le lien suivant nous donne encore un peu plus d’informations sur ces apéros du jeudi (on les markéteux confirment leurs sens des valeurs, passant de l’environnement à la voiture, des partis politiques au luxe…) :

lesaperosdujeudi font se rencontrer les professionels des médias, marketing, creation, communication par secteurs professionnels un jeudi par mois pour faire avancer la réflexion et la création dans un monde sans idées neuves.

EXPRESSION : luxe, beauté, habillement, voiture, alimentaire..
CONNEXION : médias et boites de production de contenu la distribution, les associations, les partis politiques
CREATIONS : les agences, les labels, les artistes, les designers, les architectes…

Un autre lien et on a droit à cette phraséologie unique de ce monde décérébré :

VISION D’ENTREPRISE / DE MARQUE: pour avoir une stratégie d’entreprise qui fédère les parties prenantes, une vision de marque qui mobilise les publics cibles
INNOVATION : de l’innovation produit, extension de gamme, diversification, ou recentrage de l’activité
CONCEPT DE COMMUNICATION : pour concevoir la stratégie de communication qui permettra à la marque d’atteindre ses objectifs sur ses publics
IDEE CREATIVE : développer une création multi supports qui s’exprime pleinement sur plusieurs médias (…).

Et pour finir on arrive sur un blog où sont déversée les dernières idées super tendances… comme cette petite série, au milieu d’objet qui se voudraient suréalistes mais sans âme :

machandisationtotale.jpg

Le premier dessin se demande :

Pourquoi les femmes de ménage n’ont pas de vitrines pour proposer leurs services aux gens du quartier ?
C’est à dire : qu’attendent-elles pour devenir définitivement des femmes robots achetables comme des marchandises ?

Pourquoi ne pas aller à la pharmacie pour prévenir plutôt que guérir ?
En clair : pourquoi ne pas consommer d’avantage de médicament et faire vivre encore d’avantage les multinationales de l’industrie pharmaceutique sur le dos de la Sécu ?

Pourquoi ne pas habiller sa voiture comme on s’habille le matin ?
Traduction : pourquoi ne pas faire définitivement de sa voiture sa femme à qui on achète du parfum, des vêtements sexy et que l’on paie pour l’utiliser comme on le fait d’une prostituée ?

Bref, on laissera le WWF sombrer dans ses dernières dérives, un eu comme les associations de consommateurs ont sombré dans le consumérisme, se contentant d’alimenter les fantasmes dans de nouveaux objets et nouvelles habitudes « modernes », encadrant le consommateur promus au rang de « citoyens » au profit de la « démocratie » des marchands.

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Volem rien foutre al païs

20 mars 2007

Volem rien foutre al païs
Un film de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe.

Le film ouvre sur une intervention (soviétique) de Pompidou à la télévision nous expliquant ce qu’est le libéralisme et pourquoi la France doit indiscutablement s’engager dans cette voie. Un discours que les libéraux d’aujourd’hui n’oseraient même pas tenir tant il est cru. Et comme si ça n’était pas assez clair, le montage cut, nous balance un extrait de pub dans laquelle le patron gifle ses employés pour les endurcir : nous sommes en guerre, en guerre économique.

Le début du film va ainsi procéder par de courtes séquences d’absurdités quotidiennes (grève, infos télé, tentative d’interview de Kesler, visite à l’ANPE…) entres lesquelles vont s’insérer une autre vision du monde (auto-construction en paille, installation de panneaux solaires, toilettes sèches…).

Ces extraits de vie négatifs ne nous choquent pas tellement tant nous y sommes habitués c’est leur accumulation qui nous amène au dégoût. Un peu comme si on s’habituait à voir des cadavres dans les rues mais pas encore les charniers.

Le film cherche alors, doucement, des pistes simples qui peuvent sembler radicales au premier abord tant elles s’éloignent du système dominant.

L’auto-construction, l’autonomie de production alimentaire, l’autonomie énergétique, autonomie des savoir… travers les expérimentations de différents groupes. Mais sans donner de leçon. Chacun les découvre à son rythme, en fonction de sa propre histoire, de ce qu’il est prêt à faire comme chemin et du sens qu’il (re)trouve à sa vie.

Du coup, on échappe assez vite à l’éternel critique «Oui mais si vous êtes contre le nucléaire, vous retournez à la bougie ?» : non, on commence par réfléchir à nos besoins, on met des panneaux solaires quand c’est possible. On ne s’oblige pas à la pureté, on ne quitte pas un monde normatif pour un autre.

L’immense mérite du film est de donner des pistes et de montrer des possibles. Parce que nous faisons tous parti du système que nous critiquons, il nous démontre que nos marges de manoeuvre sont bien plus importantes que l’on ne croirait. Ce fait est assez difficile à penser car il ne s’agit pas de revenir à un âge d’or mais d’inventer autre chose. Il n’a jamais été question de quitter la société, de s’en passer, mais bien au contraire, de permettre à d’avantage de personnes d’y avoir une place. Simplement le système actuel semble tellement verrouillé que certaines prises de consciences ne peuvent mener qu’à des ruptures.

Il dépasse aussi le premier niveau de critique du système. A travers le groupe espagnol à «dinero gratis» qui prend le vol pour comme moyen d’accès à la consommation. Il en démontre rapidement les limite, voler des fringues de marque à la mode ne remet rien en cause profondément, on reste dans le système de sur-consommation. Tout cela réduirait les revendications au pouvoir d’achat.
Mais il pose aussi la question de l’utilisation des allocations chômage, du RMI, d’un revenu d’existence, de la protection sociale de certaines communautés.

Bref, ce film foisonne d’exemples en tout genre, de pistes de réflexions brouillonnes et hésitantes, d’actions concrètes et expérimentales, il redonne envie de vivre en société. Il nous rappel que l’homme n’est jamais satisfait et que finalement il reste encore beaucoup d’aventures à mener même si le film se referme de nouveau sur une claque comme pour nous dire : demandons l’impossible mais soyons réaliste.

Le site du film

La culture de la mort

17 mars 2007

Un grand classique de la pub, détourner l’attention en proposant l’exact opposé de ce que l’on fait.

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Un magnifique paysage comme il n’en existe pas dans la réalité, une petite touche d’enfance à travers la femme qui vient de récupérer vos culottes courtes qui séchaient sur la corde à linge, une image reposante, calme, douce…

Et puis on lit la signature (EDF) et soudain l’image se transforme. Le calme se fait inquiétant, la tranquillité se fait menace. Là, sous l’herbe, repose des déchets nucléaires qui irradient doucement sans faire de bruit. La mort approche, l’atmosphère se fait pesante, le calme avant l’orage, la vie va bientôt basculer, votre mère va perdre ses cheveux puis mourir comme le petit frère atteint d’une leucémie.

Cette image est un vague souvenir d’enfance, d’avant la catastrophe, du temps où vous ne saviez pas encore, au temps de l’insouciance… L’insouciance qui est l’état dans lequel la pub rêve de vous maintenir afin qui vous acceptiez le système en vous faisant croire que c’est vous qui l’avez choisi.

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La dernière action antipub a ainsi rectifiée le message de cette affiche. Surtout par rapport à l’actualité

Et puis une dernière chose : « un monde sans CO2 » ? Et on fait comment pour respirer ensuite ? L’inculture de la pub est ici manifeste, passant de l’amalgame au mensonge, de le poudre aux yeux à la misère humaine. Comme le nucléaire, la pub est sans douleur mais les deux mène à la mort.

Un paysan suicide livre du maïs OGM à Sarko

17 mars 2007

Une quinzaine d’activistes de Greenpeace vient de déverser plusieurs tonnes de maïs transgénique devant le QG de campagne de Nicolas Sarkozy, rue d’Enghien, à Paris (Xe). Sagit-il d’une communication à contre pied ? Les agences de pub contactées démentent, avec regrets, être à l’origine de cet événement. L’une d’elles affirme : « Pour peu qu’on nous donne de l’argent, on est prêt à défendre n’importe qui ou n’importe quoi ».

La suite sur le site de Greenpeace France

Notre pain quotidien

10 mars 2007

Pendant deux ans, Nikolaus Geyrhalter a placé sa caméra au coeur des plus grands groupes européens agricoles, nous donnant accès des zones inaccessibles. Il a filmé les employés, les lieux et les différents processus de production pour réaliser un documentaire cinéma qui interroge et implique intimement chaque spectateur.

Notre pain quotidien ouvre une fenêtre sur l’industrie alimentaire de nos civilisations occidentales modernes. Réponse à notre sur-consommmation, la productivité nous a éloigné d’une réalité humaine pour entrer dans une démesure ultra-intensive qui a rejoint les descriptions des romans d’anticipation.

Cadrages minutieusement composés, images cristallines, montage fluide construisent un film sans commentaire, sans propagande, dont les images parlent et demeurent.

Notre Pain Quotidien questionne, inquiète et fascine.

Vois le site du film

La justice reconnaît la désobéissance civile contre le système publicitaire

9 mars 2007

Collectif des Déboulonneurs de Paris – Communiqué de presse – 09 mars 2007, 15h00

Pour avoir inscrit le 28 octobre dernier, devant la gare d’Austerlitz, des slogans antipublicitaires à visage découvert sur des panneaux de 4x3m, sept membres du Collectif des Déboulonneurs de Paris ont comparu devant le Tribunal correctionnel, le 12 janvier 2007. Ce procès a donné lieu à plus de trois heures de débats animés sur les nuisances du système publicitaire. La nécessité de l’action de désobéissance civile non-violente a été aussi longuement expliquée. Face à l’urgence environnementale et sanitaire, constatant que tous les recours ont été épuisés et devant les limites de fonctionnement des canaux démocratiques, ce mode d’action nous paraît légitime pour alerter les pouvoirs publics et leur demander de prendre leur responsabilité.

Le procureur de la République avait demandé que les faits soient qualifiés de dégradation grave et réclamé 500 euros d’amende avec sursis pour chacun des prévenus.

Les sept barbouilleurs ont été reconnus coupables et condamnés à une peine d’amende de un euro. Les faits ont été requalifiés en dégradation légère.

C’est une condamnation symbolique et légère pour une dégradation symbolique et légère. La désobéissance civile non-violente est ainsi prise en compte en tant qu’outil d’expression démocratique. Nous souhaitons que ce message soit clairement entendu par nos responsables politiques.
Jusqu’ici les hommes et femmes politiques sont restés trop longtemps silencieux sur ce sujet. La population exprime pourtant très majoritairement un ras le bol face à l’envahissement de la publicité dans notre société [1]. Suite à nos actions et à nos interpellations [2] nous avons été reçus par le PS et l’UMP et avons obtenu des réponses écrites des Verts, du PCF, de la LCR, du PRG et de CAP21. Christiane Taubira était présente à la sortie du tribunal. Tous font le constat qu’un changement est nécessaire face à la « pollution visuelle et mentale » et à « l’agression » liées à l’affichage publicitaire. Ils souhaitent l’ouverture d’un grand débat national sur le sujet. Ces déclarations doivent maintenant être suivies par des actes et les responsables politiques ont l’obligation morale de mettre en place la structure nécessaire à ce débat.

Le Collectif des Déboulonneurs fera des propositions concrètes en vue de la révision de la loi de 1979 sur l’affichage dès la prochaine rentrée parlementaire.

A 14h00 aujourd’hui s’ouvre devant le Tribunal correctionnel d’Alès le procès de deux membres du Collectif des Déboulonneurs du Gard pour avoir exprimé leur légitime réponse sur des panneaux publicitaires le 26 mai dernier à Anduze.

Le Collectif des Déboulonneurs
http://www.deboulonneurs.org
Contact Paris : Nicolas 06 62 60 06 12 – deboulonneurs.paris@no-log.org
Contact Gard : François 06 72 98 50 89 –

[1] Le Monde, 18 novembre 2004
[2] 26 février 2007 – Lettre ouverte – Affichage publicitaire : où sont les politiques ?